Un peu d'histoire...

Un peu d'histoire...

Un peu d'histoire...

...il était une fois

Le 2 juillet 1974

C'est en 1974 que l'étang Noir revêt le nom Réserve Naturelle Nationale. C'est l’arrêté ministériel du 2 juillet 1974 qui porte classement en Réserve Naturelle Nationale de l’étang Noir et ses rives pris au titre de l’article 8 bis de la loi du 2 mai 1930 modifiée, relative à la protection des monuments naturels et des sites de caractère artistique, historique, scientifique, légendaire ou pittoresque. L’arrêté a été publié au Journal Officiel de la République Française du 11 juillet 1974.

 

Au XIXème siècle

Un peu d’histoire éclairera les propos à suivre, pour expliciter le regard que porte le public local et landais sur les habitats marécageux, depuis déjà plusieurs générations. Les informations ci-dessous sont issues de : Maizeret, 2005 – Montiton, 1930 – Pacaud, 2000 – Sargos, 1997.

Jusqu’à la fin du XVIIIème siècle, dans la lande intérieure, des boisements se développaient à partir des vallées que creusaient les rivières et leurs affluents. Le long de ces cours d’eau se formaient des forêts galeries constituées d’aulnes et de saules dans les fonds les plus humides et ensuite, sur de larges bandes de terrain sec, de pins et de chênes. Au fur et à mesure que l’on s’éloignait des cours d’eau, on observait des milieux de plus en plus ouverts. Des boisements primitifs se développaient également sur les dunes anciennes appelées « montagnes » au niveau du littoral. Cette forêt, qui entrait en concurrence avec l’Homme pour la colonisation des terres les plus saines, disparut au profit des champs et pacages. La diminution de la sylve primitive des landes est donc liée progressivement à l’affirmation du système agro-pastoral landais. 
Après les travaux de fixation des dunes initiés par Brémontier, l’idée de boiser l’ensemble des étendues désertiques fit son apparition avec Chambrelent. Le creusement de « crastes » (fossés de drainage) à l’intérieur du plateau landais permit la plantation du Pin maritime à grande échelle. Avec la loi du 19 juin 1857 relative à l’assainissement et à la mise en culture des Landes de Gascogne, promulguée par Napoléon III, le pays change et la forêt de pins devient peu à peu le modèle forestier…

 

Carte de l'Etat Major du XIXème siècle de la chaîne des étangs Noir, Blanc et Hardy (source IGN)
Carte de l'Etat Major du XIXème siècle de la chaîne des étangs Noir, Blanc et Hardy (source IGN)

 

Dans la Monographie de Seignosse (Montiton, 1930), on peut lire pour la période concernant la veille de la Révolution : « les inondations occasionnées par l’engorgement des ruisseaux qui traversent la paroisse pour aboutir à la mer, causent constamment des dommages au peu de terres cultivées sur la partie du levant et de la montagne. Le sol y est absolument ingrat ; les sables arides qui le composent rendent sa production très médiocre, et il ne produit que des grains de moindre valeur. ». En 1820, des travaux de recreusement de l’exutoire faisant le lien entre l’étang Noir et l’étang Blanc sont décrétés comme nécessités (sur 780 mètres avec un élargissement de lit sur un parcours de 10 mètres).
Un arrêté préfectoral du 10 novembre 1860 oblige la commune de Seignosse à assainir et mettre en valeur les landes communales par semis de pin. En 1869, une pétition est présentée par les propriétaires de Seignosse afin que l’étang Noir soit dérivé vers le port de Capbreton du fait de « ses débordements et des marais insalubres qui l’entourent ». Ces travaux ne seront pas réalisés.

Des années 60 à nos jours

On notera qu’en 1963, Jean Rostand, dans le cadre de ses recherches sur la grenouille Rana esculenta, est venu sur l’étang Noir. Dans la mémoire collective, le site reste associé à ce biologiste renommé et son travail « sur les grenouilles aux yeux bleus et à 5 pattes », selon l’expression locale.

Pour « les anciens », le site en réserve est associé au « marais » (marécage) et à l’étang Noir…le « marais » dans lequel on chasse la bécasse et l’étang où l’on pêche et l’on chasse à la tonne…d’autres nous parleront des « parties de barque » du temps de leur jeunesse ou même de la course de barques des fêtes du village où l’on ralliait l’étang Blanc à partir du port de Noun sur l’étang Noir, avec force bonne humeur et éclaboussures !

 

Course de barque partant de l'étang Noir pour rejoindre l'étang Blanc, à la fin des années 60 (source C.Lesbats)
Course de barque partant de l'étang Noir pour rejoindre l'étang Blanc, à la fin des années 60 (source C.Lesbats)


De nos jours, la réserve naturelle constitue un site privilégié pour la promenade dominicale, porteur de charme et de tranquillité, apprécié tant par la population touristique que locale, en raison de son aménagement original, confortable et de la forte naturalité du lieu. L’attrait en est redoublé par l’esprit bien particulier qui émane du site et qui engendre le sentiment précieux de pénétrer dans le paysage emblématique relictuel des marécages.
L'étang Noir fait aussi l’objet d’une légende…et ses différentes versions, racontent l’origine de cet étang noir… « beau mais sombre » et fait état de cette cloche qui résonne parfois des profondeurs de l’étang…

Aujourd'hui, cet espace naturel protégé par une réglementation visant à préserver le lieu, en encadrant notamment les usages, est de l'avis de tous un site abritant les habitats reconnus comme emblématiques du patrimoine culturel et paysager des Landes d'autrefois !